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COUPLETS
Lettres égarées,
romans sans importance,
brouillons déchirés,
papiers bavards,
je vous garderai
proses célibataires,
rangées au secret
sous mes buvard.
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REFRAINS
Ma bibliothèque à moi,
ma maison, mes murs, mon toit,
sous le nerf des feuilles,
quelques fleurs qu’on cueille :
Yorrick ou Vinteuil
Font mes jours et mes joies.
Italo, Georges, Raymond,
Vladimir, vos chers prénoms
blessent ou rassurent
sous les couvertures,
étoile ou rature
au front.
Hommes laids, lourds, infidèles,
savants fous, anges rebelles,
meurtres, incendies
des Alexandrie :
on entend des cris
dans les fours de Babel.
François, Miguel et Laurence,
Denis, Nicolaï ou Franz,
dans mon lit, mon page,
je lis, page à page,
la folie, l’outrage, l’outrance !
brouillons déchirés,
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Pour un cœur battant
où les oiseaux sont ivres,
gerfauts haletants
de nos soucis,
revienne le temps
perdu avec les livres
d’un Rex, d’un Tristan,
d’un Ignacy ! |
Ma bibliothèque à moi,
mon vice impuni, ma (seule)foi,
(si) le long du cortège,
sale était la neige,
tourne le manège
des bons chevaux de bois !
Savinien, Alfred et Charles,
Jonathan, Lewis me parlent
d’Hermann, mais qui est-ce ?
Melville ou bien Hesse :
prends les William, laisse
les Karl !
Au bal des mondes possibles,
d’anciens monstres impassibles,
soleils qui se lèvent
en échappées brèves,
qu’on veille ou qu’on rêve,
notre cœur est la cible.
Je mourrai riche, je crois
et je signe d’une croix
mes blancs-seings, mes chèques :
mon trésor ce n’est que
ma bibliothèque à moi ! |
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