Littératures / 'Pataphysique

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Prolégomènes à une occultation

 

Les pages qui suivent contiennent une mise à jour de l'adresse aux Oulipiens, rédigée en mai 1998 et intitulée : Notes de haut de page à propos de littérature et de potentialité. Je voulais expliquer ainsi la décision que j'avais prise en octobre 1996 de procéder à mon occultation en tant qu'Oulipien. La procédure même d'occultation - qui n'est pas directement attestée dans les statuts - avait été mise en ouvre par le Collège de 'Pataphysique, le 29 clinamen 102 (20 avril 1975 vulg.) pour durer vingt-cinq ans et la désoccultation eut lieu le 20 avril 2000 (29 clinamen 127 E.P.). Ma propre désoccultation devrait avoir lieu le premier jour palindromique homogène du millénaire, c'est-à-dire le 20022002 (car le 10 février 2001 est, à juste titre,  passé totalement inaperçu).

Les documents de ce premier volet (Initialisations) du projet akerÆ, en particulier T(r)opique(s) du Sagittaire témoignent de l'importance qu'a eue mon appartenance à l'OuLiPo dans l'élaboration de mes thèses. C'est d'ailleurs ce qui m'a conduit à occulter momentanément mon occultation pour participer au nouveau débat de principe organisé par Marcel Bénabou le 06/08/01 à la demande de Jacques Roubaud. JR souhaitait ma présence après avoir reçu mes cinq lettres de créance rédigées après lecture de son Bavardage Ready-made.  Ces lettres sont reproduites dans le document suivant de ce volet d'Initialisations, qui sera clos par les Paralipomènes de l'occulté. A la fin des présents prolégomènes j'ai placé une version française d'un texte paru initialement dans Electronic Book Review à l'occasion de la transition 1999 ® 2000 et où il est aussi question de JR, de l'OuLiPo, etc. Ce texte est, dans ce numéro 10 d'EBR consacré aux problèmes de la contrainte, soumis lui-même à de fortes contraintes. Mais il est aussi - et c'est ce qui justifie son insertion - une première occasion d'illustrer une écriture morphodynamique.

 



Quelques lignes de rappel


C'est grâce à Jean Paulhan que j'ai fait la connaissance de Raymond Queneau, dès 1945. En janvier de cette année là, j'avais lu Clef de la poésie  et tenté d'ouvrir une discussion avec l'auteur. Pour cela je rédigeai un court essai [1] où je reprenais le projet évoqué par Paulhan (loc. cit., p.11) :

J'imagine à présent une loi poétique telle qu'exprimant un rapport particulier de sens à sens et d'idées à mots, elle supporte sans y perdre ses preuves, ni sa vraisemblance, de voir ses termes invertis.

Paulhan ne réagit pas à mon envoi où se manifeste une grande naïveté et où j'évoque en vrac Ronsard, Alain-Fournier, Rilke, Jules Romains, Tzara, Cendrars, etc.. Mais je m'y efforçai de définir une représentation formelle (de type ensembliste et même bourbakiste) de deux univers, celui des mots et celui des idées et d'expliciter les structures rationnelles, les divers types de "morphismes" qu'on pouvait leur associer. J'évoquais alors Valéry et le physicien portugais Antonio Giaõ pour conclure avec un enthousiasme (j'avais vingt-et-un ans) que je m'efforçai de faire partager avec un Pierre Seghers passablement interloqué :

De même que la science, en affinant ses méthodes, a pu serre de lus près le réel qui semblait devoir lui échapper irrémédiablement, de même qu'elle a pu dans l'emploi d'une technique nouvelle trouver l'aiguillon de recherches inédites et merveilleusement fécondes, de même la poésie moderne ayant brisé des carapaces arbitraires qui l'étouffaient, ayant su composer avec les lois de structures utiles, mais encore mal comprises, se prépare à un nouvel éopanouissement.

A cette époque je participais à un groupe de réflexions péri-bourbakiste avec Marcel-Paul Schützenberger et Jacques Riguet (et plus tard Benoît Mandelbrot). Bientôt la vague structuraliste déferlait, puis le tsunami des "mathématique modernes".

Dès mon premier emploi (bibliothécaire au Commissariat à l'Energie Atomique), je fus amené à me frotter de façon plus concrète aux problèmes des structures linguistiques (Queneau y fait allusion dans sa Présentation de l'Encyclopédie de la Pléiade). Plus tard, dans le cadre de mon activité au sein d'EURATOM, je poussai les choses un peu plus loin en comparant les syntaxes structurales de Tesnière et de Chomsky. François Le Lionnais, que j'invitai à se joindre à un groupe de recherche sur l'Intelligence Artificielle (Claude Berge y participa également) n'eut donc aucun mal à convaincre Raymond de proposer ma cooptation à l'OuLiPo puisque, comme le souligne l'article qui lui est consacré dans l'Encyclopædia Universalis, l'Ouvroir a pour projet

. de découvrir des structures nouvelles, donc des contraintes nouvelles. [.] ces structures nouvelles permettent de dégager une « littérature potentielle » du matériel déjà existant.

 

 

Une réduction aux acquêts


L'allusion au "matériel déjà existant" évoque naturellement l'idée de plagiat. Les oulipiens érudits qui participèrent aux premiers travaux de la brigade ne manquèrent pas de rendre hommage aux prédécesseurs : antiquité, seconde rhétorique, prosodies fortes, etc.. L'idée maîtresse que l'on voulait emprunter aux aînés était surtout celle de "contrainte" : nous nous proposions de définir et de mettre à l'épreuve des contraintes nouvelles pour en éprouver l'efficacité (jugée suivant des critères de qualité artistique ou de productivité combinatoire). En conformité avec l'esprit structuraliste à la mode, on se proposait de développer une systématique des contraintes littéraires qui ferait écho à la systématique des "structures mathématiques" définie dans le Fascicule de résultats de la théorie bourbakiste des ensembles.

Les Structures fondamentales de l'analyse proposées par Bourbaki s'appuyaient sur une axiomatisation de la topologie et de l'algèbre qui ne débouchaient pas directement sur des procédures de création littéraire (malgré quelques tentatives de Bens/Duchateau et Le Lionnais). En fait le domaine mathématique le plus proche du travail de nos aînés se situait dans le domaine du combinatoire, un domaine totalement mis de côté par Bourbaki (mais remis à l'honneur par Claude Berge qui en montra l'importance dans Pour une analyse potentielle de la littérature combinatoire).

Aussi les premières structures oulipiennes originales se situèrent-elles tout simplement au niveau de l'arithmétique usuelle ou d'une combinatoire élémentaire des constituants de base du texte littéraire : lettres, syllabes, etc. tandis que la virtuosité d'un Perec orientait notre travail vers le retour - mais poussé jusqu'au record - de contraintes anciennes.

Jacques Roubaud, qui nourrissait l'espoir de voir de véritables structures mathématiques nourrir notre inspiration, avait proposé un "principe" : la mise en jeu, dans un texte oulipien, d'une structure mathématique, doit nécessairement faire usage d'un théorème appartenant au domaine de cette structure [2] . Il mit ce principe en application dans La Pricesse Hoppy ou le conte du Labrador (B.O. n° 2). J'imitai cet exemple dans Mes hypertropes (B.O. n° 9). On peut considérer que La vie mode d'emploi contient, dans son cahier des charges, un résultat mathématique (le théorème d'existence de Bose, Parker et Shrikande). Tout récemment Claude Berge a réussi, avec Qui a tué le du de Densmore (B.O. n° 67), un véritable tour de force, en construisant son intrigue autour d'un résultat non trivial de la théorie des graphes.

Quelques tentatives ont eu lieu pour sortir du domaine arithmétique et aborder une problématique résolument géométrique. Après Le Lionnais, j'avais évoqué les difficultés de l'entreprise dans Georges Perec géomètre [3] . Au congrès de 1983 j'avais présenté une communication intitulée : Une problématique nouvelle de la prosodie liée au progrès des techniques de l'information et des communications où les possibilités ouvertes par une gestion systématique de l'espace de l'écriture étaient évoquées [4] 'j'y abordais en particulier le thème d'une "combinatoire tridimensionnelle des formes fixes", ; avec les concepts associés d'hypersonnet et d'hypertriolet). J'avais repris tout cela - en tenant compte aussi de la contribution de FLL dans La littérature potentielle - en rédigeant l'ébauche d'un article destiné au défunt Petit Norbert, article qui se serait intitulé : Géométrie (littéraire).

 

 

La langue donnée aux orchidées


Depuis sa fondation, l'OuLiPo s'efforçait donc de découvrir des points d'articulation de la réflexion mathématique (ou plus généralement formelle) et de l'activité littéraire créatrice. On en trouvera le témoignage dans mes contributions aux premiers congrès. En 1974, mon exposé s'intitulait : Eléments de schématisation de l'activité littéraire en vue de la formalisation et de la systématisation. Pour le second congrès je proposai le concept de Littérature non-jourdanienne en insistant sur la capacité de la notion de contrainte à transcender les genres [5] . Ces recherches impliquaient une prise en compte des acquis (souvent récents) de la linguistique générale : c'était l'époque où l'on découvrait Noam Chomsky (à l'émerveillement de Jean Queval) et redécouvrait Lucien Tesnière. En consultant la liste des "invités d'honneur", on voit bien le souci que nous avions de garder le contact ave les chercheurs dans ce domaine : Bernard Quémada, André Lentin, Alain Rey, etc.. L'élection de Bernard Cerquiglini en fut la continuation logique.

L'esprit oulipien amenait naturellement à une alliance de considérations linguistiques et de constructions combinatoires. L'exemple en fut donné par la Table de Queneleïeff proposée par FLL, avec l'expansion prévue pat le Tollé de Marcel Bénabou.

La conception de ces tables reposait sur ce qu'on pourrait appeler une "analyse diabathe" des structures littéraires. J'ai profité du travail de préparation pour la B.O. n° 48 (Les bibliothèques invisibles) pour approfondir cette analyse en proposant la prise en considération d'une "échelle des textes" qui se subdivise assez naturellement en une douzaine de niveaux (du graphème ou phonème aux hyper-bibliothèques) [6] .

A chaque niveau de l'échelle des contraintes spécifiques sont à l'ouvre : "naturelles" (et souvent implicites, mais propres à chaque langue) aux niveaux les plus bas (phonétique, syntaxe,  etc.), "artificielles" (et parfois explicites) aux niveaux plus élevés où se situe la création littéraire proprement dite. Des observations de Jacques Roubaud sur la « poésie comme description de la langue », on peut extrapoler une conjecture plus générale sur l'existence de "morphismes verticaux" entre les niveaux, conjecture dont Queneau, puis Bénabou, avaient fait, en quelque sorte, leur "hypothèse de Riemann".

L'existence de relations "obliques" dans l'échelle, comme la considération de n-uples diabathes ne va pas sans poser des problèmes de consistance logique. Mais précisément des considérations sont apparues très tôt dans notre réflexion - non sans rapport avec nos efforts de mécanisation [7] . C'est Marcel Bénabou qui, avec sa systématique du "langage cuit" (un concept emprunté à Michel Leiris) et son utilisation de techniques qui anticipaient le "couper-coller" des traitement de texte, faisait de nous des "Monsieur Jourdain" du lambda-calcul. Il n'est pas sans intérêt de noter que des systèmes formels de la logique mathématique tels que la logique combinatoire, les systèmes de Post, les algorithmes de Markov, les fonctions récursives, etc. sont souvent appelés "systèmes de réécriture". Il est significatif que les algorithmes de "réduction" que ces systèmes mettent en jeu permettent d'établir une correspondance (la correspondance de Curry-Meredith) avec les procédures déductives traditionnelles du Calcul des Propositions telles que le "modus ponens".

Linguistique et logique peuvent donc à bon droit être considérées comme les deux mamelles d'une littérature véritablement potentielle.

 

 

Il y a post- et Post


A côté des systèmes de réécriture de la logique mathématique, la littérature "moderne" a proposé des procédures dont une, imaginée par Stephan Themerson, exploitée par Raymond Queneau, avait été redécouverte par Marcel Bénabou et Georges Perec (subodorée aussi par Etiemble) [8] . Ce q'on pourrait appeler la "transformée de Themerson" fut imaginée par lui en 1944 et appliquée dans son roman Bayamus en 1949. Il en fit une présentation systématique dans On seemantic poetry [9] . Im s'agit là aussi de substitution, mais d'une substitution multiplicative, qui remplace les mots (ou certains mots) d'une phrase par leur définition ruse dans un dictionnaire bien déterminé. L'idée vient alors naturellement d'itérer l'application de cette transformée et de déclencher ainsi une avalanche sémantique analogue à la réaction en chaîne semblable à l'avalanche électronique qui se développe dans les phénomènes de décharge dans les gaz (l'un d'entre eux doit être cher à Margaret [10] ), ou à l'avalanche neutronique qui fut expérimentée pour la première fois à Chicago et se manifesta à Hiroshima et autres lieux.

Dès le second manifeste, le président Le Lionnais faisai allusion à l'importance de recherches sur les aspects sémantiques de la création littéraire et il y revint à plusieurs reprises. C'était aussi la pierre de touche des travaux d'automatisation qui se mettaient en place (traduction et documentation automatiques). Malgré des succès certains, ces travaux se sont heurtés - et se heurtent encore - à de grosses difficultés auxquelles des outils tels que les bases de données de connaissances, les graphes conceptuels, etc. tentent de porter remède [11] .

Un essai relativement simple de réécriture sémantique avait été effectué par RQ dans sa contribution à la Bibliothèque Oulipienne [12] . J'ai repris cette idée dans un autre fascicule de la même collection [13] en appliquant, à un texte de Queneau lui-même, une transposition sémantique (du domaine de la science vers le domaine de l'érotisme).

De toute évidence un gros effort devra être accompli pour que l'exercice de la potentialité en littérature sorte effectivement du domaine des niveaux inférieurs de l'échelle des textes : lipogrammes, anagrammes, S+7, etc. n'ont sans doute pas épuisé tout leur charme, mais ont beaucoup perdu, à mes yeux, de leur éclat ! Au delà de l'alphabet, du lexique et même de la syntaxe, la sémantique nous attends toujours ! Un effort résolu pour le développement d'une sémantique rationnelle s'impose aussi  pour qu'un terme soit mis aux dérives "postmodernes" et déconstructionnistes qui utilisent les lacunes actuelles de la linguistique pour mener sournoisement, dans des textes où la langue de bois a été remplacée par une véritable "langue de coton", un combat cotre l'esprit des lumières, sous l'influence de Heidegger, Paul de Man et de quelques autres. C'est pourquoi il me semble très important, de reprendre et de développer, en particulier, le modèle de l'avalanche sémantique qui permette de dégonfler la baudruche déridienne de la « différance ».

Nous savons depuis longtemps que le seul couplage littérature/mathématique ne peut suffire à l'épanouissement de la potentialité littéraire. Une compétence linguistique accrue s'impose désormais, une sensibilité "sémiotique" qui permettra, par surcroît, de ne pas rompre le contact avec les autres arts, ceux de l'image et du son. C'est bien ce que FLL se proposait de faire avec la création des Ou-X-Po.

 

 

Ce qu'Aa savait


Lors de la fondation de l'OuLiPo, RQ s'était clairement démarqué de tout retour au surréalisme (et nous avions ricané lorsque, dans sa chronique du Figaro, l'"esclave" Guy Le Clech' avait évoqué DaDa à notre propos). Mais lorsqu'on s'intéresse de près au "débat des deux cultures" dont la récente polémique autour de l'affaire Sokal constitue un nouvel et significatif avatar, on est amené à porter un jugement plus nuancé sur cette période exceptionnelle de la culture française, mais aussi européenne et mondiale qui se situe entre 1905 et 1917 [14] . L'année 1913, qui voit l'explosion des sciences, des arts et des lettres, a même pu être qualifiée d'"annus mirabilis" [15] . Cette année - et celles qui la suivirent immédiatement - voit la multiplication de tentatives unitaires (ou plutôt "unistes") qu'illustre l'ouvre commune de Blaise Cendrars et Sonia Delaunay, à mi-chemin entre les créations de l'Abbaye de Créteil, en 1907 et celles du Cabaret Voltaire, à Zürich, en 1917 (on notera que, dans les deux cas, un rôle important fut joué par Henry-Martin Barzun, pionner du "simultanéisme", entre autres).

Mais c'est Marcel Duchamp qui, plus que tout autre, doit être ici notre référence. MD (pour lequel, on le sait, RQ et FLL éprouvaient la plus grande admiration) s'intéressa, avec les cubistes, au problème de la quatrième dimension comme au calcul des probabilités. A plusieurs reprises il médite sur les phénomènes du langage et dans un texte (qui pourrait bien dater de 1913) il précise les Conditions d'un langage où des préoccupations directement sémantiques sont énoncées : recherche de "mots premiers", invention de "signes shématiques" (dont la forme pourrait être obtenue à partir de "stoppages étalons", etc. [16] L'art (ou l'anti-art) de Duchamp ne met pas seulement en jeu les concepts du langage ou de la mathématique. La Mariée, tout comme Etant donnés, fait appel à la cinématique d'assemblages mécaniques, à la chimie de sécrétions comme l'essence d'amour, à l'élevage des couleurs, au gaz d'éclairage, aux moteurs électriques, à toute une science et toute une technologie parallèles : une sorte de promenade aléatoire dans un réseau de mondes possibles (ou presque possibles).

De la création duchampienne on pourrait ne retenir que l'apparence : l'art contemporain n'en constitue souvent qu'un interminable ressassement et l'acharnement calembourdesque et libérationnard de certains m'est difficile à supporter, quatre-vingt-cinq ans après Rrose Sélavy. Il y aurait pourtant bien des pistes à suivre, des idées à creuser, dans le prolongement des intuitions de Scriabine, d'Apollinaire, de Duchamp, de Russolo, de Cendrars, de Tzara. Ce sont là des directions de recherche qui débordent même le cadre de l'esthétique et présentent un véritable intérêt épistémologique.

Dans un numéro récent de la revue Alliage [17] , son fondateur, Jean-Marc Lévy-Leblond, s'interrogeait sur « ce que pourrait être, dans le domaine de "la mise en culture de la science", une démarche purement duchampienne ». Le même numéro proposait un ensemble de textes consacré à Paul Feyerabend et un article de ce dernier intitulé Thèses sur l'anarchisme épistémologique qui se réfère explicitement à Hans Richter et à Dada. Mais avec son « anything goes », Feyerabend se retrouve, sans l'avoir voulu, aux côtés des Kristeva, Badiou, Latour et compagnie. Combattre les dérives qui se manifestent ainsi, dénoncer les noces douteuses de l'obscurantisme et de la médiatisation forcenée, mais ouvrir en même temps de nouveaux chemins aux formes unitaires de la création dans ses divers domaines, est à mes yeux une tâche plus enthousiasmante que de participer à ce qu'il faut bien considérer comme des auto-plagiats par bégaiement. Mon occultation ne fait donc que traduire ma détermination de reprendre le chemin de la recherche et conforter mon projet unitaire - j'aimerais mieux dire uniste [18] .

 

 

Machinations


La circulaire n° 10, datée du 18 juin 1961 de l'OuLiPo, donnait le compte-rendu de la réunion du 5 juin, la première à laquelle je participais depuis mon élection itérée, les 13 mars et 5 mai précédents [19] . Après les paroles de bienvenue prononcées par FLL, j'annonçai l'acquisition par l'EURATOM d'un super ordinateur IBM (moins d'un dixième de la puissance de calcul d'un petit PC d'aujourd'hui !) et glosai sur les perspectives ouvertes, pour la littérature, par ce que l'on n'appelait pas encore les ordinateurs et l'informatique. A la réunion suivante (le 26 juin), RQ nous remit notre exemplaire des Cent mille milliards de poèmes, première ouvre totalement oulipienne, tandis que, de mon côté, je présentais un compte-rendu du colloque de Besançon sur la lexicographie.

C'est dire que dès le début, l'automatique littéraire était au centre de nos préoccupations. Par la suite, les idées de JR, MB, PF et de quelques amis (Pierre Lusson, Michel Bottin, notamment) nous permirent de présenter quelques réalisations combinatoires au Centre Pompidou et dans des ateliers d'écriture, à Villeneuve-lès-Avignon et ailleurs. Cela conduisit naturellement à la fondation de l'ALAMO.

La création littéraire assistée par ordinateurs n'était pas une complète nouveauté dans la mesure où le canadien Jean Baudot nous avait précédé et où Swift lui-même avait proposé - par dérision - un modèle de mécanique littéraire [20] . Les premières applications se portèrent vers le domaine du combinatoire pur (anticipé par Jean Meschinot et QuirinusKuhlmann). Puis des contraintes syntaxiques et sémantiques furent ajoutées aux "littéraciels" : SELTS, puis CAVF, MAOTH et enfin LAPAL, qui furent développés alors [21] . Ces littéraciels trouvèrent un emploi efficace dans les ateliers d'écriture, les animations en médiathèque, etc. mais ne furent pas vraiment utilisés pour de véritables créations littéraires. Des améliorations furent proposées, par JR et JJ, notamment, mais demaient des investissements en matériel et en logiciel qui n'étaient pas encore à notre portée.

Après une période de latence, l'activité alamienne redémarra en profitant de nouveaux et spectaculaires progrès de la technologie (et de l'aide de la Mission Recherche et Technologie du Ministère de la Culture et de la Communication). Les "Journées de l'Internet" nous amenèrent à découvrir de nouveaux partenaires et à nous engager  dans la voie de l'hypertexte et du multimedia. Un site hébergé par un des serveurs du Ministère de la Culture donne accès dorénavant aux programmes de démonstration de l'ALAMO (des Baisers d'amour de Meschinot aux Raimbaudelaires), ainsi quà des sites amis dans le monde entier [22]

En m'engageant plus activement dans les activités alamiennes, j'espère contribuer à fournir des outils plus efficaces aux oulipiens, mais ce n'est sans doute pas ma préoccupation principale. Car le travail accompli lors de la préparation de mes séminaires du Collège International de Philosophie ainsi que la préparation de mon livre m'ont un peu éloigné d'intérêts proprement littéraires. Je me demande en fait si l'effort de l'écrivain (ou du peintre, du compositeur - avec ou sans contrainte) "pur" se justifie encore. Je suis de plus en plus attiré par les créations "unicistes" telles que les ont imaginées René Ghil, Alexandre Scriabine, Victor Segalen, Stefan Themerson, et que Michèle Métail et Louis Roquin pratiquent aujourd'hui.

Et j'aimerais m'en inspirer pour revenir à un projet ancien (sans doute un peu mégalomaniaque) : forger les outils d'une nouvelle technique de représentation susceptible de venir à bout de certains des blocages actuels de la science. Mais il ne me reste pas beaucoup de vies pour le faire !

 

 

 

Apostille à ces prolégomènes


Pour son numéro 10, qui devait être publié fin 1999 (un numéro consacré aux problèmes de la contrainte en littérature), les éditeurs de la revue
Electronic Book Review (une excellente revue de critique et de recherche domiciliée à Chicago mais accessible uniquement via Internet) souhaitaient que les contributions aient une longueur comprise entre 1999 et 2000 mots. Il y avait là un défi qu'Eric Joncquel me permit de relever : je composai un texte de 1995 mots précédé d'un titre pouvant avoir, alternativement, 4 ou 5 mots. Le clignotement est engendré par une fonctionnalité propre au langage HTML A chaque pulsation, les lettre en rouge sont remplacées par les vertes, tandis que le noir est invariant. Le titre peut donc être de longueur 4 ou 5 (dans la version anglaise). En voici une version française (ou plutôt une adaptation).

 

L'éducation d' A D A M S (Henry)
  L   O

 

HA

. Au cours du mois d'octobre 1999 le New York Times proposa, sur son "Web Forum", un débat intitulé : Discuss "The Education of Henry Adams".

. Je fis l'acquisition du livre d'Adams "The Tendency of History" McMillan, 1928) et de "Henry Adams: Scientific Historian " de William Jordy (Yale University Press).

. Comme l'ouvrage de Barzun "Darwin, Marx, Wagner" (Doubleday, 1958) et celui de J. Bernard Cohen "Revolution in Science " (Harvard University Press, 1985), ces livres m'aidèrent à évaluer l'ouvre de HA.

.
Ainsi que le montre clairement le titre de cet essai, une simple substitution pemet de changer ADAMS en ALAMO et réciproquement, mais c'est le mot contrainte qui permet de comprendre une correspondance qui va au delà de l'alphabet.

. Pour un bostonien type comme Adams, la contrainte est partout plus prégnante que la morale de la haute société. Descendant de deux anciens présidents des Etats-Unis,  il était à la recherche de règles qui lui permettent de comprendre l'Histoire au travers des Sciences.

.  Il étudia la Loi de l'accélération, la Règle des phases et s'embarqua dans une lutte résolue avec des historiens qui confondaient histoire et récit. Le prmier chapitre du livre de Jordy a d'ailleurs pour titre : Deux tempéraments en Histoire : scientifique et littéraire.

. Après Lucrèce, Llull, Cyrano de Bergerac, Du Bartas, Goethe, Hugo, et avant Queneau et Calvino, il construisit un nouveau pont entre la Science et la Littérature.

. Et puisque l'Architecture est aussi un domaine de la créativité humaine où l'art et la science travaillent ensemble, Adams, dan son livre Mont Saint Michel and Chartres, s'impliqua dans une nouvelle instance du problème de la contrainte. On peut alors se souvenir de l'utilisation fréquente de métaphores architecturales dans les discussions, par Queneau, des contraintes littéraires.

 

ALAMO

Un des grands moments dans la vie d'Adams fut sa visite à la grande Exposition qui ouvrit à Paris le 15 avril 1900. Dans la "Galerie des machines" étaient exposés des équipements impressionnants tels que dynamos et machines à vapeur : des génératrices de puissance.

.  Pour un écrivain et un érudit comme l'était Adams, l'idée d'une machine génératrice de texte aurait également été une cause d'intérêt passionné. Il aurait trouvé là une forme nouvelle d'énergie !

.  Un projet en ce sens avait été mentionné dans la troisième partie des Voyages de Gulliver (chapitre V, "Voyage à Laputa") où Swift décrit l'Académie de Lagado et ses entreprises.

.  Ainsi que Norbert Wiener l'a observé, Swift s'efforçait là de régler un compte avec Leibniz en critiquant le mathématicien, l'inventeur de calculatrices et le fondateur d'Académies.

.  Le programme de Leibniz s'orientait vers la mécanisation des processus déductifs y compris ceux qui permettraient la génération de textes en langage naturel. Plus tard W. Stanley Jevons donna la decription d'un tel modèle mécanique dans son article "On the mechanical performance of logical inference" (1871).

.  En 1964 les Editions du jour à Montréal publièrent La machine à écrire, de Jean Baudot, un ensemble de textes et de programmes qui anticipait les modèles de l'OuLiPo et les programmes de l'ALAMO.

.  Puis en 1965 Sheldon Klein créait Messsy suivi par TALESPIN de James Meehan, etc.. Le travail de pionier de Gérard Verroust fut suivi par les essais de Daniel Goossens (1984) et Laurence Danlos (1985) sur la synthèse de textes.

.  Mais dès 1981, inspiré par le travail de l'OuLiPo sur la littérature combinatoire, le groupe ALAMO avait été fondé.

 

JR

L'objectif de raymond Queneau et François Le Lionnais, quand ils fondèrent l'OuLiPo, était de réunir des mathématiciens et des écrivains intéressés par la création littéraire sous contraintes formelles.

.  Les oulipiens, qui reconnaissent l'existence de "plagiats par anticipation" (lipogrammes, palindromes, etc.),  s'efforcèrent de définir et surtout d'inventer des formes littéraires nouvelles utilisant des structures mathématiques non triviales.

.  Parmi les diverses sources existantes, les oulipiens furent naturellement attirés par les écrits de Jean Meschinot (1490) et ceux de Quirinus Kuhlmann (1660) qui s'efforcèrent très tôt de tirer parti de modèles littéraires combinatoires.

. C'est alors que Raymond Queneau proposa ses Cent mille milliards de poèmes un système manuel d'engendrement de sonnets. Bientôt les informaticiens créèrent des versions pour ordinateur du livre de Queneau.

.  C'est ce qui conduisit Paul Braffort et Jacques Roubaud à proposer, en juillet 1981, la création d'un nouveau groupe baptisé ALAMO (Atelier de Littérature Assistée par la Mathématique et les Ordinateurs.

.  Utiliser un ordinateur entraîne que l'on implémente des contraintes. Dans son introduction à Oulipo : a Primer of Potential Literature (University of Nebraska Press, 1986), Warren Motte inclut une section Formal Constraint où il décrit différent types de contraintes alphabétiques, lexicales ou de niveau plus élevé.

.  Un chapitre du même livre, Rule and Constraint, a été écrit par Marcel Bénabou et offre divers modèles de tables sembla à celle de Queneleïeff.

.  Au niveau métalinguistique, Roubaud  a proposé deux super-règles : 1. Un texte qui obéit à une contrainte définie dans le cadre d'une structure mathématique donnée doit inclure une propriété mathématique de cette structure. 2. Un texte qui obéit à une contrainte donnée doit inclure une définitions de cette contrainte.

 

HA

The Education of Henry Adams fut probablement écrite entre 1909 et 1913, c'est-à-dire au moment même où une grande - et décisive - rupture qui s'était produite entre la Thermodynamique et l'Electromagnétisme, et qui donna naissance à la physique quantique et à la relativité.

.  Dans son grand ouvrage "Duchamp in context" (Princeton University Press, 1998), Linda Henderson compare la vision Adamsienne de la science, dans les chapitres xxv (The Dynamo and the Virgin) et xxi (The Grammar of Science), avec "La mariée mise à nu par ses célibataires, même", de Marcel Duchamp.

.  Adams insiste (dans "The Tendency of History") sur le fait que l'énergie "must submit to the final and fundamental necessity of Degradation".

.  Duchamp, au contraire, veut explorer les capacités créatrices de nouveaux media révélant une réalité invisible auparavant.

. Ils sont présent tous deux dans "The First Moderns" de William R. Everdell (The University of Chicago Press, 1997), où il décrit l'explosion soudaine des Science et des Arts.

.  Dans son "The Age of Extremes" (Vintage Books, 1994), au chapitre 6 (The Arts, 1914-1915), Eric Hobsbawn explique comment l'effondrement de l'Europe confirma la vision pessimiste d'Adams tout en induisant de nouvelles directions de recherche telles que Dada.

. En tout cas les machines de Duchamp telles que sa Broyeuse de chocolat ou son ("transformateur à détente"), furent probablement inspirés par les mêmes machines de l'exposition 1900 que celles qu'Adams célébra.

.  Les spéculations d'Adams sur l'éther électromagnétique devraient aussi être étudiées dans le contexte des recherches de Duchamp sur une quatrième dimension (comme l'illustre son Tu m'. de 1918).

 

CPS

L'éducation de Henry Adams se développa à Harvard et se composait essentiellement des humanités. C'est seulement à la fin de sa vie qu'il se consacra à la science, et spécialement à la Physique.

.  Mais il se lanç dans l'ambitieux projet de donner un fondement scientifique à l'histoire. La Thermodynamique et ses deux premiers principes devinrent l'objet de ses lectures, ainsi qu'on peut le voir dans Tendency of History.

.  Ce projet était un nouvel et authentique effort pour abaisser le "rideau de fer" entre les sciences et les humanités et anticipait de cinquante ans celui de C. P. Snow.

.  Le débat des "deux cultures " est souvent considéré comme dépassé. Et pourtant ce thème est régulièrement évoqué dans de nombreuses piublications.

.  En fait le débat Snow/Leavis se développa après un premier round de querelles qui avait eu lieu, vers 1896, entre Thomas Huxley et Matthew Arnold (le premier étant un ami  de Darwin et un ardent promoteur de la science dans le curriculum universitaire).

.  L'offensive de F. R. Leavis, en 1962, fut suivie d'une agitation que calmèrent en partie les contributions  d'Aldous Huxley, Jacob Bronowski, Jacques Barzun et Arthur Koestler  (certains d'entre eux  entretenaient une relation significative avec la science.

.  Au début des années quatre-vingt, un mouvement inverse se produisit auquel j'ai donné le nom de "syndrome de Snow". Sous la pression des medias, auteurs et critiques se crurent obligés d'introduire partout des concepts scientifiques tels que le théorème de Gödel, le principe d'Heisenberg, la théorie du chaos, etc..

.  Heureusement les grands auteurs, de Lucrèce à Nabokov, en passant par Cyrano, Goethe et Hugo, ont su créer de véritables ouvres d'art où la science occupe la place qui est vraiment la sienne.

 

IC

Alors que le débat des "Deux cultures" ne soulevait guère d'échos en France, il eut un impact important en Italie, un pays possédant une forte tradition interdisciplinaire.

.  De Carducci à D'Annunzio, de nombreuses discussions eurent lieu, impliquant des écrivains et des philosophes tels que Croce et Pirandello. Giacomo DeBenedetti et Elio Vittorini contribuèrent au débat de façon significative.

.  Recruté par Einaudi en1945 (il avait participé au combat des partisans) Italo Calvino devint l'ami d'Elio Vittorini dont il édita Le due tensioni, un essaiinspiré par le travail de Snow

.  Calvino fut toujours intéressé par la Science, en particulier par ses développements "cybernnétiques". Dans "La machine littérature", il donne une appréciation lucide des possibilités offertes par le développement rapide des applications de l'informatique.

.  Ami de Queneau et membre de l'OuLiPo, il supervisa la traduction italienne de "La petite cosmogonie portative" et je l'aidai à trouver la signification cachée du vers 219, dans le troisième Chant (une allusion au Vanadium).

.  Primo Levi, qui était un chimiste professionnel, fut aussi consulté par Calvino pour cette traduction. Mais il était lui-même intéressé  par l'association des ordinateurs et de la Littérature.

.  Sous un pseudonyme, il publia en 1967 une ironique nouvelle : "Il Versificatore" qui anticipe ces cyber-romans tels que "Galatea 2.2" de Powers.

.  Un autre ami de Calvino, Leonardo Sinisgalli, ancien élève d'Enrico Fermi, finit par s'orienter vers la Littérature et les Arts. Mais avec des ouvres telles que "Archimede", "Furor mathematicus", etc., il fut, lui aussi, un homme des Deux Cultures.

 

HA

. On pourrait caractériser le début de ce siècle comme l'âge de l'électricité et plus particulièrement de l'électron. Adams célébra la dynamo comme une sorte de Vierge séculaire tandis que Duchamp recherchait une expression plastique de "L'électricité en large".

.  On doit se souvenir qu'à la même époque Ezra Pound se passionnait pour les problèmes de l'électricité, de l'électromagnétisme et de l'électron en tant que type particulier d'image, vortex ou idéogramme.

. Dans "Quantum Poetics" (Cambridge University Press, 2997), Daniel Albright met en regard les "particules" de Pound et les "ondes" de Yeats et Eliot.

.  Si les opinions politiques d'Ezra Pound furent au moins aussi rétrogrades que celles d'Henry Adams, ils surent  reconnaître la possibilité d'un changement majeur dans le paradigme dominant : le passage d'une vision mécaniste de la nature à une vision "électriste".

.  Mais ce changement ne se réalisa pas vraiment. Malgré les efforts de Lorentz et de Weber, les modèles mécanistes standard se sont maintenus sous leur habillage relativiste et quantique.

.  Mais au moment où nous atteignons la fin de ce siècle, l'électonique s'impose, pus que jamais, dans tous les aspects de notre vie, y compris la littérature : ALAMO et d'autre activités de création (Holopoetry, Teano, Telepoetry en sont de bons exemples).

.  Le structuralisme qui, pendant quelque temps, intéressa Calvino peut sembler dépassé : la création poétique a besoin de couleur et de mouvement dans l'espace et le temps. Mais c'est aussi le cas pour la Science où rien de significatif n'aurait pu avoir lieu sans les nouvelles technologies

. .et les triolets potentiels qu'on va pouvoir lire (produire) ici n'auraient pu exister !

 

ALAMO

Comme la plupart des véritables révolutionnaires l'ont dit, liberté veut dire reconnaissance et maîtrise des contraintes. Ceci est vrai dans les Arts aussi bien que dans la pratique de la Science et de la Technologie.

.  Les éditeurs de ce dixième numéro de EBR ont imposé la contrainte suivante : la longueur de nos textes doit être comprise entre 1999 et 2000 mots, d'où mon titre clignotant.

.  Ce texte a été construit de façon à illustrer le problème de la contrainte sous les deux aspects littéraire et technique. Pour cette raison j'ai choisi cette forme ancienne qu'est le triolet et son implémentation informatique sur le site ALAMO du Ministère de la Culture.

.  C'est pourquoi j'ai divisé mon texte en huit sections de huit paragraphes (correspondant aux huit strophes de huit vers du triolet). La rime est remplacée ici par le thème, de telle façon que les sections un quatre et sept développent le même thème, et qu'il en aille de même des sections deux et huit.

.  J'ai voulu introduire aussi une méta-contrainte : le second "principe de Roubaud" (un texte obéissante à une contrainte doit inclure une définition de cette contrainte. C'est précisément ce que je fais à l'instant (on notera que certains des sonnets produits informatiquement présentent les règles du triolet !).

.  En produisant votre propre triolet, vos obtiendrez les deux strophes qui porteront à huit le nombre de paragraphes de cette huitième et dernière section.

 

 


[1] J'intitulai cet essai, non sans quelque outrecuidance : Les clercs obscurs ou le mystère des faux masques. La version dactylographiée que j'ai conservée a simplement pour titre : Le mystère de la poésie (à propos d'un essai de Jean Paulhan).

[2] Les problèmes de la contrainte oulipienne ont été précisés, avec de nombreux exemples, dans l'ouvrage collectif de marcel Bénabou, Jacques Jouet, Harry Mathews et jacques Roubaud : Un art simple et tout d'exécution, Circé, 2001. Le principe de Roubaud, notamment, y est énoncé par l'auteur lui-même.

[3] In Littératures n°7 (printemps 1983).

[4] En voici, à titre indicatif, la table des matières :

1.   Systèmes de la prosodie
2.   Les deux dimensions de la page
3.   Les reois dimensions de l'ouvrage
4.   La dimension de la lecture
5.   Spectacle réparti, création partagée

[5] La date de ce congrès m'échappe, mais je [...]

[6] On constatera avec intérêt qu'une analyse diabathe des structures de la Physique comporte assez exactement le même nombre de niveaux,, des quarks aux amas de galaxies.

[7] On ne doit pas oublier que la fondation de l'ouvroir est contemporaine de la publication des Cent mille milliards de poèmes.

[8] Cf.  Presbytères et Prolétaires : le dossier P.A.L.F. (Cahiers Georges Perec n°3, éditions du Limon, 1989). Marcel qualifie Themerson d'« écrivain anglais » mais celui-ci  était aussi dessinateur, photographe et ciné-compositeur polonais, constructiviste et dadaïste, ami de Kurt Schwitters, animateur d'un cercle de discussions sur "Science et Littérature", etc..

[9] Baberbocchus Press, 1975. Cette maison d'édition, créée par Themerson, fut la première à publier une traduction anglaise des Exercices de style de Queneau.

[10] Je n'en dirai pas  plus, pour d'évidentes raisons de sécurité !

[11] Je transcris ces lignes au moment même où Pierre Le Hir constate, dans Le Monde du 29.06.01, que « Le langage résiste toujours à la traduction automatique.

[12] Il s'agit du n°3 : Les fondements de la Littérature d'après David Hilbert.

[13] Il s'agit du n°18 : Le désir (les désirs) dans l'ordre des amours.

[14] JR en témoigne à sa façon, en ce qui concerne la poésie, dans Autobiographie, chapitre X.

[15] C'est le titre du chapitre 21 de l'ouvrage de William Everdell : The First Moderns, cité plus haut.

[16] Fragment publié dans Duchamp du signe, Flammarion 1994.

[17] N° 28, octobre 1996, p.35.

[18] Projet que la rédaction, et la publication, même fautive, de Science et Littérature m'ont permis de mieux expliciter.

[19] Cf. Jacques Bens : oulipo 1960-1963, Christian Bourgois, 1980, pp. 41 et 48.

[20] On peut citer, plus tard, les récits de Primo Levi (le versificateur), bernard Andres (Advienne que pourra) et Richard Powers (Galatea 2.2).

[21] Cf. la communication de PB et Josiane Patris-Joncquel : ALAMO, une expérience de douze ans, dans Littérature et informatique, édité par Alain Vuillemin et Michel Lenoble, Artois Université Presse, 1995, p.171.

[22] L'URL de ce site est http://indy.culture.fr/rialt.

 

Littératures / 'Pataphysique

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